BOLLORE: LE VERITABLE ROI DE L’AFRIQUE

Le néocolonialisme n’est plus fondé sur l’occupation militaire des pays en développement et la traite des esclaves, mais la substance n’a guère changé. Les démocraties fragiles, surtout en Afrique, sont victimes de coups d’État, de conflits interethniques et interreligieux, de corruption, mais surtout de l’ingérence des capitaux étrangers et de l' »aide » militaire des grandes puissances, qui leur remettent des mitrailleuses en échange d’hectares de terre, de licences d’exploitation minière et pétrolière et de contrats sur les infrastructures de base de chaque pays.

À la tête de ceux qui exploitent l’Afrique se trouvent certainement les compagnies minières et diamantaires, mais, avec le temps et l’amélioration progressive des conditions économiques locales, c’est maintenant le tour de ceux qui contrôlent la distribution, la logistique, les télécommunications. Dans ce secteur, le gagnant est celui qui a déjà investi pendant des années, et qui a passé le premier quart de ce siècle à créer un réseau de liens indissolubles avec le pouvoir local. Nous parlons d’un groupe industriel français, qui a commencé avec une usine de papier, et qui est aujourd’hui l’une des grandes puissances internationales – celui de la famille Bolloré.

Cette année, le groupe Bolloré fête ses 200 ans, au cours desquels la petite entreprise bretonne est devenue l’une des 500 plus grandes sociétés du monde : avec 73 000 employés dans 130 pays, un chiffre d’affaires de 20 milliards d’euros et 34 milliards de fonds propres (2021)[1]. Coté à la Bourse de Paris, le contrôle reste entre les mains de la famille Bolloré grâce à un réseau complexe de participations. Grâce à sa stratégie de diversification, fondée sur l’innovation et la mondialisation, le groupe est une puissance à trois têtes: transport et logistique, communications, stockage et systèmes électriques[2]. Sans oublier l’industrie historique du papier, la distribution d’énergie, les films plastiques, la construction automobile, l’agriculture et les médias[3].

Le groupe Bolloré de 1822 à aujourd’hui

Été 1949 : l’arrivée à l’usine de chiffons destinés à être transformés en cellulose[4]

En 1822, près de Quimper, sur la rivière Odet en Bretagne, Jean Guillaume Bolloré et son beau-frère Nicolas Le Marié[5] (maire d’Ergué-Gabéric de février 1832 à janvier 1833[6]) posent la première pierre de la papeterie des Papeteries Bolloré[7], produisant d’abord des emballages « lourds », puis du papier fin, comme les sachets de thé, le papier pour boissons gazeuses, le papier à cigarettes, les filtres et le papier parchemin[8]. Nicolas Le Marié a tenu les rênes de l’usine (familiale) pendant 40 ans, mais il a été victime d’une attaque après une chute et, comme il n’avait pas d’héritiers pour lui succéder (ses fils étaient décédés et sa fille survivante était dans les ordres religieux), il a dû passer le relais à son neveu[9]; l’entreprise a donc pris un nouveau nom en 1861, lorsque le médecin Jean-René Bolloré a repris l’affaire en main[10].

La même année, la mode des cigarettes arrive aussi en France et la famille Bolloré rénove un moulin à une trentaine de kilomètres d’Odet, à Cascadec, pour augmenter la production. Le papier à photocopie pour les lettres, le papier de coton pour le celluloïd et le papier de soie sont devenus des produits secondaires et tous les efforts ont été consacrés à la production de papier à cigarettes[11]. L’image du groupe a longtemps été associée à ce produit (la France a produit plus de la moitié du papier à cigarettes mondial dans les années 1940 et 1950[12]) et Jean-René Bolloré, à sa mort en 1881, a laissé à son fils René-Guillaume une norme d’excellence internationale[13]. En 1918, la marque OCB est née: « Odet-Cascadec-Bolloré »[14], avec jusqu’à 630 employés, qui est resté le centre du groupe jusqu’en 2000, date à laquelle il a été vendu au groupe Republic Tobacco[15].

En 1929, les usines Bolloré ont produit près de 2000 tonnes de bobines de papier et 86 millions de carnets de papier à cigarettes de cent feuilles. Jusqu’à la guerre, le groupe Bolloré exporte plus de 90% de sa production. L’entreprise fournit les marques américaines Camel, Chesterfield, Philip Morris et Old Gold. Le reste de la production est vendu à la Régie française des tabacs et à British American Tobacco[16]. Le neveu de René-Guillaume Bolloré, également appelé René, a été directeur des « Papeteries Bolloré » de 1935 à 1974 – à l’exception des années de guerre: pendant l’occupation, une seule d’entre elles a fonctionné à 20% de son potentiel[17]. Après la guerre, l’usine produit du papier fin, du papier à cigarettes et du papier pour livres, tous vendus sur un marché de plus en plus international sous la direction des frères René et du jeune Michel[18].

Dans le numéro de Noël 1949, le magazine Réalités[19] présente l’entreprise en huit pages avec de magnifiques photos en couleur[20]: « Le poids économique global des trois usines (Odet, Cascadec et Troyes) n’est pas négligeable :  » Avec 1 500 ouvriers, ces usines produisent 20 tonnes de papier par jour – la longueur des bobines produites en une journée ferait le tour du monde – dix millions de cahiers de cent feuilles par mois et réalisent un chiffre d’affaires de 1 300 millions par an« [21]. Chaque usine est spécialisée dans un produit, ce qui réduit les coûts. Un succès rendu possible grâce à un plan d’investissement audacieux: en trois ans, plus de 200 millions de francs sont alloués au renouvellement du matériel, faisant venir de nouvelles machines des Etats-Unis, d’Allemagne et de Grande-Bretagne[22].

Entrez Vincent Bolloré

Photo de famille de 1949: René Bolloré (en haut à gauche) ; René Bolloré (en haut à droite), père des propriétaires actuels : le fils aîné René (tous les aînés de la famille portent ce nom), président de l’entreprise (en bas à gauche), et Guennaël Bolloré, le plus jeune des trois frères (en bas à droite)[23]

L’entreprise familiale devient un véritable empire sous l’impulsion de Vincent Bolloré (neveu de Michel); avec son frère Michel-Yves, Vincent prend la direction des papeteries en 1980-1981, et reprend l’entreprise en grande difficulté[24], en réduisant les salaires de 30% et en se concentrant sur les sachets de thé et le papier métallisé ultrafin, utilisé dans l’industrie des condensateurs : l’opération fonctionne, et naît Bolloré Technologies, qui cinq ans plus tard est le leader mondial du secteur[25].

Michel-Yves Bolloré a dirigé la partie industrielle du groupe et a conduit la sortie du secteur du papier pour se spécialiser dans un créneau technologique (polypropylène) et industriel (ultrafin) très pointu[26]. Le groupe Bolloré est ainsi protégé de toute tentative de rachat par de grands groupes mondiaux, qui préfèrent utiliser les produits de haute technologie (films et plastiques minces) du groupe Bolloré plutôt que de racheter l’entreprise.

Vincent, formé à la finance par une expérience au sein de l’allié familial, la société financière du Baron Edmond de Rothschild (Vincent n’a que 23 ans et est déjà directeur adjoint de la société financière[27]), transforme le groupe en conglomérat, mêlant participations financières et investissements industriels[28]. En 1997, il prend le contrôle de la banque Rivaud[29], qui traverse une grave crise due à deux événements: un contrôle fiscal délicat et l’échec d’un de ses investissements, celui dans la compagnie aérienne Air Liberté, qui frôle la faillite et est ensuite vendue à British Airways – une opération financière décisive pour la création de l’empire Bolloré[30].

Sur la place financière parisienne, Vincent Bolloré s’est fait connaître et craindre. En 1992, il met la main sur la holding familiale Compagnie financière Delmas-Vieljeux (groupe CMA-CGM)[31], qu’il fusionne ensuite avec sa SCAC[32] (Société Commerciale d’Affrètement et de Combustible), rachetée à Suez en 1986[33]. Ce rachat a permis au Groupe Bolloré d’obtenir une position de premier plan dans le secteur du transit et de la manutention en France et en Afrique[34]. Le transport maritime étant le seul maillon de la chaîne logistique que le Groupe vend, Saga Italia (la société italienne de transit spécialisée dans les services pour l’industrie pétrolière et gazière[35]) et les navires de Delmas avec ses 21 ports ont été vendus sur les conseils du PDG, Gilles Alix, qui a rejoint le Groupe en 1987 et travaille désormais aux côtés de Cyrille Bolloré[36].

Non content de cela, Vincent part à l’assaut du groupe de télécommunications, de construction et de distribution d’eau Bouygues (12,5%, en 1998, après un conflit avec la famille Bouygues et la forte progression du groupe en bourse[37]). Malgré le conflit, Vincent rencontre souvent la famille Bouygues lors de dîners de famille – Yannick, le fils de Vincent, est marié à Chloé, la nièce de Martin Bouygues[38]. Parallèlement, Vincent investit dans la holding du groupe Lazard, la Rue Impériale de Lyon[39], et tente de racheter la société de cinéma Pathé[40].

19 avril 2018 : Vincent Bolloré (à gauche) et son fils Cyrille Bolloré (à droite)[41]

Lazard, comme Rivaud, est contrôlé par un réseau de holdings (Eurafrance, Gaz et Eaux, Euralux, etc.) et possède de nombreuses actions (comme Danone, Saint-Gobain, Mediobanca, Generali)[42]. Moins de deux mois plus tard, Bolloré a revendu cette participation à Vivendi-Canal Plus. Ces deux transactions ont fait entrer dans les caisses de l’archipel de Bolloré des plus-values équivalentes à pas moins de 750 milliards de lires[43]. Après tous ces coups durs financiers, Vincent a gagné les surnoms de « petit prince du cash flow » et de « grimpeur« [44].

En ce qui concerne les fils, Vincent en a quatre, tous impliqués dans le groupe : Yannick (1980) est actuellement président-directeur général de Havas SA, cinquième entreprise mondiale de communication[45], et président du conseil de surveillance de Vivendi[46], entreprise mondiale de divertissement, de médias et de communication, contrôlée par la famille et présidée par son frère Cyrille[47]. Yannick serait en bons termes avec Emmanuel Macron, et aurait reçu Vivendi de son père[48] quelques jours avant la mise en examen de Vincent[49]. Cyrille, né en 1985, a remplacé son père comme président-directeur général du groupe en mars 2019[50]: en février 2022, Vincent a décidé de quitter les rentes du groupe et a choisi Cyrille comme successeur[51].

La fille unique, Marie (1988), est administratrice de Mediobanca (représentant la famille à plus de 8%) depuis le 28 octobre 2014 et occupe la même fonction dans de nombreuses sociétés du groupe[52]. En 2016, elle prend la tête d’une nouvelle division de Blue Solutions, spécialisée dans le stockage de l’énergie. Son fils aîné, Sébastien, présent dans le Groupe depuis 2005[53], est en charge du développement de Blue Solutions aux Etats-Unis[54]. Blue Solutions figure sur le registre européen de transparence des lobbyistes depuis 2017. En 2016, il a déclaré des dépenses annuelles de 150 000 euros pour cette activité, et seulement 9999 euros en 2018[55].

Parmi les actionnaires du groupe Bolloré, on trouve des noms importants comme la famille Agnelli (5,6 % d’Albatros Investissement et Antoine Bernheim (décédé en 2012 à l’âge de 87 ans), banquier d’affaires français, pendant 30 ans directeur puis président des Assicurazioni Generali à Trieste[56] ainsi qu’associé-gérant de la banque d’affaires Lazard[57], mais surtout ami d’enfance de Vincent (ami d’enfance de sa mère): Bernard Arnault (l’homme qui a créé le groupe de mode LVMH[58]) et François Pinault (multimilliardaire, collectionneur d’art, propriétaire de l’emblématique maison de vente aux enchères Christie’s[59])[60].

Avec l’argent gagné grâce aux acquisitions, le groupe est devenu un leader de la logistique vers et depuis l’Afrique, où il a également géré de grandes plantations. Le Continent Noir a fait la fortune du groupe et représente toujours la plus importante source de revenus de l’empire Bolloré[61]. Depuis les années 2000, le groupe a poursuivi son développement dans les secteurs de l’automobile, de la communication et de la publicité, des médias et des télécommunications : prise de participation dans l’assureur italien Generali (Vincent en est le vice-président en 2010-2013), contrôle de la banque d’affaires italienne Mediobanca en 2001 (dont Vincent Bolloré est resté actionnaire jusqu’en 2021[62]).

À cela s’ajoutent les terminaux portuaires (concession des ports d’Abidjan en 2008), la plupart des terminaux portuaires du golfe de Guinée, les lignes ferroviaires (notamment en Afrique), la distribution de produits pétroliers (Bolloré Énergie), le vin (Domaine de la Croix, La Bastide Blanche en Côtes de Provence), etc[63]. En 2004, Bolloré est devenu l’un des deux cents premiers groupes industriels d’Europe. Dans le secteur de l’énergie, Bolloré est actif dans la logistique et la distribution de produits pétroliers à travers ses filiales Calpam (Allemagne), CICA (Suisse), LCA, Charbons Maulois, SFDM, etc. en France.

Influence dans les médias

Emmanuel Macron et Vincent Bolloré : en guerre pour l’empire médiatique qui inquiète l’Elysée[64]

A partir des années 2000, Vincent Bolloré a décidé de se lancer dans le secteur des médias : il est aujourd’hui présent dans la publicité à travers Havas (dont il détient 36% et par lequel il a 4,49% de Mediaset[65] et 23,74% de Telecom Italia[66] à travers Vivendi) et le britannique Aegis (28%). En parallèle, le financier a également développé le premier pôle de presse gratuite français Direct Matin et lancé (en 2005) deux télévisions: Direct 8 et Direct Star[67]. En 2012, il est devenu le premier actionnaire du groupe Vivendi lors de la vente de ses chaînes de télévision D8 et D17 à Canal+[68], non sans le soutien du gouvernement français.

L’opportunité de battre Sky et Netflix  » est venue en juillet 2014 de la volonté des partenaires espagnols de Telefonica de sortir du capital de Telecom Italia, que Berlusconi avait tenté de marier avec Mediaset « . Grâce à une transaction au Brésil, Vivendi s’est trouvé un partenaire dans Telecom Italia. Depuis lors, l’entreprise s’est progressivement renforcée en Italie grâce à la longa manus de Tarak Ben Ammar, un homme qui a suivi l’entreprise familiale de Silvio Berlusconi pendant trente ans. Le même homme siège au conseil d’administration de Vivendi et de Mediobanca. Pendant ce temps, en marge de la conférence, des négociations ont été entamées avec Mediaset pour un échange d’actions qui conduirait également à la cession de la télévision payante Premium. À un moment donné, l’idylle se brise : Vivendi répudie l’accord conclu avec Mediaset, ce qui déclenche une série de litiges, puis achète 20% de Mediaset »[69].

En 2019, Vivendi achète 100% d’Editis[70], l’une des plus importantes maisons d’édition françaises (Plon, La Découverte, Perrin et autres)[71]. L’année suivante, en 2020, le groupe rachète 29,2% de Lagardère[72], et devient ainsi propriétaire de la radio Europe 1 et des hebdomadaires Le Journal du dimanche et Paris Match, trois médias très influents politiquement. Par ailleurs, Hachette, le géant de l’édition (Fayard, Calmann-Lévy, Armand Colin) devient la propriété de Bolloré dans le cadre du groupe Lagardère[73]. L’année suivante, en 2021, Vivendi rachète les actions d’Amber Capital, portant ainsi sa participation dans Lagardère à 45,1% du capital[74].

Emmanuel Macron, inquiet de l’énorme pouvoir médiatique de Bolloré, a demandé au président de LVMH, Bernard Arnault (l’un des dix hommes les plus riches du monde), de rejoindre Lagardère, afin de contenir l’avancée du concurrent et (selon Nicolas Sarkozy) d’empêcher la vente de la chaîne M6 à Vivendi[75]. Malgré cela, Vincent Bolloré n’a pas une relation facile avec les médias: il s’énerve facilement et ne tolère pas qu’ils écrivent sur lui ou son groupe. Il a attaqué, menacé, censuré, traîné en justice des auteurs de livres, des journalistes d’investigation français et étrangers à plusieurs reprises, réclamant des millions de dollars de dommages et intérêts[76].

En 2014, Havas a tenté d’annuler plus de 7 millions d’euros de publicité au journal Le Monde, suite à une enquête sur les activités de Vincent Bolloré en Côte d’Ivoire. Sans compter la déprogrammation ou la censure de plusieurs documentaires que Canal + (groupe Vivendi) était censé diffuser[77]. Ses actions ont conduit à une union de plus de trente journalistes des plus importants journaux et ONG, dont Les Echos, Le Monde, Mediapart, qui ont signé une lettre ouverte dénonçant les méthodes d’intimidation utilisées par Bolloré[78]. En octobre 2022, le géant a perdu son procès contre Mediapart pour des articles sur les activités de Bolloré au Cameroun : la Cour de cassation a donné raison au journaliste[79].

Les branches agricole et automobile

Socfin et accaparement des terres dans les pays africains[80]

L’activité agricole est un autre « tentacule » de Bolloré : depuis 1991, il est actionnaire minoritaire de Socfin SA Luxembourg (Société Financière des Caoutchoucs, 39,7%)[81], l’une des premières industries agricoles mondiales, avec près de 200 000 hectares (palmiers à huile et hévéas) dans 10 pays d’Afrique et d’Asie, dont le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Nigeria et le Liberia[82]. En 2019, Socfin a obtenu les terres de plus de 200 villages et de milliers de familles : les habitants qui ont accepté de céder leurs terres en échange d’emplois et d’aides au développement local jugent souvent les compensations insuffisantes ou injustes, et les autorités locales dénoncent des promesses non tenues, même si elles figurent dans l’acte de vente ou de concession[83].

La déforestation a porté préjudice aux peuples indigènes, notamment aux Pygmées du Cameroun et aux Bunongs du Cambodge, qui dépendent fortement de la forêt tropicale. Les plaintes au Cameroun, au Libéria, en Sierra Leone, en Côte d’Ivoire et au Cambodge concernent la perte d’accès à l’eau potable en raison du drainage et/ou des rejets polluants de Socfin[84]. En 2021, un rapport (préparé par « Pain pour le prochain », « Alliance Sud » et « German Tax Justice Network »[85]) accuse Socfin d’évasion fiscale[86], d’accaparement de terres[87] et de violations des droits de l’homme[88]: le rapport a examiné les comptes financiers 2020 de l’entreprise et de ses filiales, découvrant l’existence de transferts de revenus vers l’Europe (en particulier vers la Suisse) s’élevant à plus de 100 millions d’euros de revenus en 2020 (sur un total de 605), alors que le groupe ne produit pas de matières premières en Europe[89]. En décembre 2022, la cour d’appel de Versailles a ordonné au groupe Bolloré de clarifier ses relations avec Socfin[90]. Le groupe Bolloré possède également 3300 hectares, répartis en trois exploitations, aux Etats-Unis – en Géorgie et en Floride (soja, coton, olives) et plusieurs vignobles dans le sud de la France, dans la zone d’appellation « Côtes de Provence », d’une superficie totale de 242 hectares, produisant environ 650 000 bouteilles par an[91].

La croissance, en Afrique comme partout ailleurs dans le monde, se fait de manière simple et efficace. Gilles Alix, directeur général, déclare: « Nous connaissons tous les ministres. Ils sont amis. Alors de temps en temps – soyons clairs – lorsqu’ils ne sont plus ministres, nous leur donnons la possibilité de devenir directeurs d’une de nos filiales. C’est pour sauver la face. Et puis nous savons qu’un jour, ils pourront à nouveau être ministres« [92]. La presse française accuse Vincent Bolloré d’entretenir des relations étroites avec de nombreux dictateurs africains, notamment au sein de la FrançAfrique[93], le système néo-colonialiste français en Afrique. Ainsi, pour améliorer l’image du groupe, Bolloré décide de tourner la page: il vend une grande partie des plantations, se concentrant sur les batteries électriques et les médias[94].

En une décennie, l’empire est devenu solide. Bien que ses intérêts soient essentiellement industriels, ses détracteurs affirment qu’il a réussi grâce à ses relations avec des hommes politiques français, comme l’ancien président Nicolas Sarkozy, à qui il a prêté à plusieurs reprises son jet privé Falcon 900[95] et son yacht de 60 mètres, le « Paloma »[96], ce qui, en retour, a favorisé son ascension dans les médias français[97]. « La famille Bolloré a une tradition d’hospitalité. Nous avons reçu Mohammed V, Léon Blum, Georges Pompidou et aussi beaucoup d’autres personnes modestes et inconnues. Accueillir Nicolas Sarkozy au lendemain de son élection a été un honneur pour moi« , a répondu Vincent Bolloré[98]. Lorsque Sarkozy a quitté l’Elysée, Vincent a perdu son allié le plus précieux. Il a tenté de se repositionner politiquement, mais a échoué[99].

Novembre 2012: Vincent Bolloré avec Bertrand Delanoë et Anne Hidalgo, alors son épouse et adjointe au maire de Paris[100]

Mais c’est avec le maire socialiste de Paris Bertrand Delanoë, avec qui il a créé la marque de voitures électriques Autolib en 2011, que Bolloré a son chef-d’œuvre[101]. Avec le développement des énergies alternatives, son succès, jusqu’en 2017, est visible à chaque coin de rue à Paris, et s’étend à plusieurs villes européennes et même aux États-Unis à Indianapolis : les voitures électriques Autolib, avec leurs batteries spécifiques (LMP – Lithium-métal-polymère, produites par la filiale du Groupe en France et au Canada, Blue Solutions SAS Ergué-Gabéric[102])[103]. Mais l’entreprise n’a pas survécu à la crise et a accumulé des dettes et a fermé en 2018, laissant des cimetières de voitures électriques abandonnées[104].

Seule Blue Solutions SAS est encore active : les batteries qu’elle fabrique sont utilisées pour la production de véhicules électriques (voitures, bus, tramways) et le déploiement de services d’autopartage à Lyon[105]. Des services similaires existent également à Bordeaux, Indianapolis, Los Angeles (USA) et Singapour[106] (où le Groupe a également ouvert le BlueHub, un bâtiment de 50 000 m2)[107]. Dans les zones urbaines et suburbaines, les bus électriques Bluebus, de six à douze mètres de long, sont déployés à Paris, Turin, Bruxelles, Luxembourg, Abidjan, Rennes[108]. En 15 ans, Vincent a investi 1,7 milliard d’euros dans le développement de sa propre technologie de batteries alternatives de dernière génération[109].

L’Afrique, le cœur noir du groupe

Kinshasa, 2016[110]

En 1985, Vincent Bolloré décide de débarquer en Afrique : il prend le contrôle de Sofical, qui possède la marque Bastos, qui produit et commercialise des cigarettes en Afrique : en quelques années, il devient le « roi de la cigarette en Afrique« [111]. Puis, en 1986, il rachète la Société Commerciale d’Affrètement et de Combustible (SCAC), spécialisée dans le transport maritime, la logistique et la distribution de produits pétroliers, et acquiert simultanément la SOCOPOA, la Société Commerciale des Ports Africains, et Rivaud, un groupe enrichi par la traite négrière[112].

Après la création de DDB, centre de production de mélanges de tabacs à Dunkerque, le groupe fonde en 1992 Coralma, qui commercialise Gauloises, Gitanes et les marques Philip Morris, Rothmans et Reynolds. À l’aube de l’an 2000, Coralma International compte dix usines de production. Elle est le premier producteur de cigarettes en Afrique francophone et dans l’Océan Indien, avec 12,5 milliards de cigarettes produites localement. En 2001, le Groupe a vendu 75% de Tobaccor au groupe britannique Imperial Tobacco[113].

Entre 2005 et 2014, de nombreuses acquisitions ont été réalisées, en Afrique et en Europe: concessions portuaires africaines, chemins de fer, mais aussi réseaux de transport et de logistique en Amérique du Nord, en Asie et au Moyen-Orient. Fin 2014, Cyrille Bolloré a annoncé la fusion de Bolloré Logistics, Bolloré Africa Logistics (qui comprend plusieurs filiales SDV, Saga, Afritramp, Socapo, Antrak, etc.[114]) et Bolloré Énergie sous une seule marque: Bolloré Transport & Logistics[115]. La nouvelle filiale du groupe Bolloré réalise 80% du chiffre d’affaires et emploie 36 000 des 55 000 salariés du groupe[116].

Bolloré Transport & Logistics est présent dans 56 pays[117], dont 47 en Afrique[118]. La nouvelle holding est divisée en quatre unités opérationnelles: Bolloré Ports et ses 21 concessions portuaires (son plus grand projet, d’une valeur de plus d’un milliard d’euros, est situé au Ghana, à Tema). Bolloré Logistics est l’entreprise qui emploie le plus de personnel, avec 21 000 salariés, dont 10 000 en Afrique. Il comprend, entre autres, Saga et SDV, qui achètent à des entreprises des capacités de transport maritime et aérien, qu’elles revendent à des PME, des grands groupes et des gouvernements, ainsi que des installations de stockage (1,6 million de m2). Les secteurs de croissance comprennent les produits de luxe, l’aéronautique (qui transporte plus de 300 000 pièces détachées d’EADS) et les produits pharmaceutiques[119].

La troisième branche (Bolloré Railways) exploite trois concessions ferroviaires en Afrique, tant pour le transport de marchandises que de passagers, notamment dans les zones où les routes sont dangereuses. Sitarail – une voie ferrée de 1260 km reliant la Côte d’Ivoire au Burkina Faso[120], passe par le Niger, le Bénin et le Togo – bien qu’au Bénin, une décision de justice ait contraint le groupe à arrêter les travaux. Bolloré Railways est engagé dans un vaste projet de modernisation de Sitarail (renouvellement des voies, modernisation du système de sécurité et réhabilitation des gares, ponts et ateliers de maintenance, et renouvellement du matériel roulant), qui nécessite l’investissement de 260 milliards de francs CFA dès la première phase[121], et pour lequel plus de 45 milliards de francs CFA ont déjà été dépensés[122].

Le port de Guinée Conakry appartient au Groupe Bolloré depuis 2011[123]

Bolloré Energy, qui compte 1 000 employés, est le premier fournisseur de fioul domestique en France. Active dans le transport et le stockage en vrac de produits pétroliers, elle exploite l’oléoduc de la Société Française Donges-Metz (SFDM), long de 627 km, qui transporte du pétrole raffiné entre Donges et Saint-Baussant, près de Châlons-en-Champagne[124]. L’entreprise conçoit, finance, construit et gère également des hôtels en Afrique occidentale et centrale. Deux de ses hôtels sont opérationnels en République du Congo et deux autres sont en construction[125].

En décembre 2021, Mediterranean Shipping Company a annoncé une offre (par l’intermédiaire de la société suisse-italienne MSC, basée à Genève et contrôlée par la famille Aponte – la deuxième société mondiale de transport maritime par conteneurs) pour acquérir Bollore Africa Logistics SAS pour 5,7 milliards d’euros. Bollore Africa Logistics emploie environ 20 800 personnes et possède 16 concessions de terminaux à conteneurs en Côte d’Ivoire, au Ghana, au Nigeria et au Gabon. Elle exploite également trois concessions ferroviaires dans la région – au Cameroun, en Côte d’Ivoire et au Bénin[126]. Après la pandémie, les revenus de Bollore Africa Logistics ont chuté de 10% l’année dernière en raison de la baisse de l’activité et de la fin de la concession à Douala, au Cameroun. La vente des ports du groupe en Afrique se termine de manière anticipée, le 21 décembre 2022[127]. Au même moment, Vincent Bolloré a annoncé sa retraite[128].

Problèmes juridiques

Les grandes lignes des résultats de l’enquête pénale sur les pots-de-vin versés par le groupe Bolloré en Afrique[129]

En avril 2016, le siège du Groupe à Puteaux, dans la banlieue ouest de Paris, a été perquisitionné par les policiers de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCLIFF)[130]. Ils veulent savoir comment le groupe a obtenu le contrôle du port de Conakry, en Guinée. Cette saisie amorce une série d’enquêtes judiciaires : en avril 2018, Vincent Bolloré a été placé en garde à vue pendant 36 heures à Nanterre pour « corruption d’agents publics étrangers« [131]. L’annonce de la mise en détention provisoire de Vincent a fait chuter l’action du groupe à la bourse de Paris : près de 8% en une matinée[132].

Deux des seize terminaux à conteneurs exploités par le groupe à Lomé, au Togo, et à Conakry, en Guinée, ont fait l’objet d’une enquête. Les magistrats soupçonnent les dirigeants du groupe d’avoir utilisé Havas pour faciliter l’accession au pouvoir de dirigeants africains en leur fournissant des services de conseil et de communication sous-facturés. Et ce, avec un seul objectif : obtenir les concessions portuaires de lucratifs terminaux à conteneurs[133]. Ont également été arrêtés Gilles Alix, et Jean-Philippe Dorent, le responsable de la division internationale de Havas, qui était chargé de soutenir le groupe Bolloré pendant la campagne électorale d’Alpha Condé[134]. La même année, Dorent était également responsable de la campagne du jeune président togolais Faure Gnassingbé, toujours au pouvoir aujourd’hui. Le fils de Gnassingbé, Eyadema, au pouvoir depuis plus de trente-sept ans, était alors candidat à sa réélection[135].

L’élection d’Alpha Condé, en novembre 2010, a annulé la licence du groupe français Necotrans, qui gérait le port de Conakry : en prenant le pouvoir, Condé a confié la gestion du port à son  » ami  » Vincent Bolloré, déclenchant une bataille juridique de la part de Necotrans qui s’est soldée par une défaite et le rachat de cette société, pour une somme dérisoire, par le groupe Bolloré[136]. Depuis 2011, le groupe a investi 140 millions d’euros dans le port, dont 80 millions pour les seules infrastructures[137].

En octobre 2013, un tribunal français a condamné le groupe Bolloré à payer deux millions d’euros à Necotrans pour l’attribution illégale de la concession du terminal du port de Conakry[138]. En mai 2014, le tribunal arbitral de la Cour commune de justice et d’arbitrage (CCJA) de l’Ohada a condamné la Guinée à verser plus de 38 millions d’euros (plus les intérêts) à Necotrans. Dix-huit mois plus tard, la sentence a été annulée en raison de la multiplication par sept de la rémunération des trois arbitres[139]. En août 2016, le tribunal arbitral du Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI) a également jugé que le règlement était illégal et a également rejeté les allégations de corruption. Au final, Necotrans n’a obtenu que 449 000 euros, ce qui ne suffit même pas à payer les millions de frais de justice[140].

En 2009 au Togo, le groupe Bolloré a remporté la concession pour 35 ans du port de Lomé, quelques mois avant la réélection de Faure Gnassingbé (dont la famille avait monopolisé le pouvoir pendant plus de 55 ans[141]), qui a également été soutenu par Havas pendant la campagne électorale[142], ce qui a suscité des soupçons de corruption[143]. Cette fois, c’est Jacques Dupuydauby, l’ancien partenaire de Bolloré au Togo[144], qui est mis à mal.

Juin 2014 : Vincent Bolloré et le président guinéen, Alpha Condé[145]

Après la vente des ports à MSC, une nouvelle vague de protestation s’est levée. Nathaniel Olympio, leader du Parti du peuple togolais (Pt) dénonce:  » Depuis son arrivée en 2010 au lendemain de l’élection présidentielle togolaise, Vincent Bolloré navigue en eaux troubles » et ajoute: « Il a fini par avouer à un magistrat du Parquet national (Pnf) de Paris qu’il avait soudoyé des agents publics étrangers pour obtenir la concession du port de Lomé. Et lorsqu’il procède à la vente de ses biens togolais, la transaction ne se fait pas dans la transparence. Personne ne connaît le montant de la transaction. Aucun Togolais n’est informé du processus entourant cette vente« [146].

Après des années d’enquête, fin février 2021, Vincent Bolloré a reconnu sa culpabilité et s’est « arrangé » avec la justice française[147]. Le dossier pénal doit retourner sur la table d’un juge d’instruction. Au lieu de cela, le Groupe Bolloré doit verser 12 millions d’euros au Trésor public togolais, payés le 8 mars 2021[148]. Mais l’affaire n’est pas close et une nouvelle audience sur les pratiques de corruption présumées au Togo doit se tenir en novembre 2022. Sherpa et Anticor, deux ONG et parties civiles dans cette affaire[149], tirent la sonnette d’alarme sur l’expansion néfaste de la justice négociée dans les affaires de corruption, qui permet d’éviter un procès public, comme l’a fait le groupe Bolloré début 2019[150].

En Côte d’Ivoire, la mainmise du groupe sur l’activité conteneurs du port d’Abidjan commence à inquiéter les autorités. Le projet d' »anneau ferroviaire » de 2700 km, reliant Cotonou à Abidjan via Niamey et Ouagadougou, est au point mort en raison d’obstacles politiques et juridiques. Selon les rumeurs, les autorités ivoiriennes estiment que Bolloré Transport & Logistics (BTL) a commis une faute professionnelle dans la vente de ses actifs africains à MSC. Étant donné que l’État a investi 1,5 milliard d’euros dans le port d’Abidjan (Bolloré détient une concession dans chacun des deux terminaux du port), la vente à MSC sans l’approbation des autorités ivoiriennes suscite l’indignation. Alassane Ouattara, le président de la Côte d’Ivoire, ne cache pas son agacement à l’égard de Cyrille Bolloré et de Philippe Labonne, son bras droit et PDG du groupe Bolloré – et donc de Nicolas Sarkozy, un proche d’Alassane Ouattara[151].

Mais les problèmes judiciaires ne s’arrêtent pas là : en octobre 2020, la justice parisienne « a ouvert une enquête préliminaire, toujours en cours, sur les conditions du contrat de concession du terminal à conteneurs du port camerounais de Kribi à un groupe composé du groupe Bolloré, de la CMA-CGM et de la China Harbour Enginering Company ». Le processus d’attribution aurait été truqué. Au Cameroun, un juge enquête également sur de possibles délits de « falsification de preuves, faux témoignages et fausses nouvelles » commis par Camrail, une filiale du groupe Bolloré[152].

La corruption n’est pas le seul problème – à l’été 2021, dix personnes, dont quatre dirigeants de Bolloré Africa Logistics, ont été arrêtées après la découverte de 145 kilogrammes de cocaïne en provenance du Brésil dans le port de Cotonou. L’opération anti-drogue a été ordonnée par le Président, Patrice Talon, dans l’espoir qu’elle contribue à effacer la réputation de faiblesse de son pays face à la drogue[153].

Une filiale du groupe, Douala International Terminal (DIT), est accusée de détournement de fonds de 2004 à 2019, en complicité avec Paul Biya, président du Cameroun[154], en versant plusieurs dizaines de milliers d’euros à une fondation créée par Chantal Biya, l’épouse du président. Par ailleurs, les journaux appartenant à Vincent Bolloré soignent l’image des dirigeants des États amis: ainsi Matin Plus, en collaboration avec Le Monde, dresse un bilan flatteur des plus de vingt-cinq ans de gouvernement de Paul Biya, qui se battrait pour « revaloriser le pouvoir d’achat » des Camerounais et « renforcer les institutions de promotion des droits de l’homme »[155]. Au Cameroun, le groupe Bolloré s’empare de l’ensemble de l’économie: transport ferroviaire, pipelines, installations portuaires, plantations – le géant est indispensable à l’économie du pays[156].

6 avril 2016: Vincent Bolloré et le Président du Cameroun, Paul Biya[157]

Tout commence en 1986, lorsque le groupe Bolloré s’implante au Cameroun en rachetant une société de logistique à la Compagnie Financière de Suez, présente dans le pays depuis les années 40. Par la suite, elle a profité d’un programme de privatisation des institutions financières internationales: en 1999, elle a obtenu une concession ferroviaire (Camrail) pour trente-cinq ans, a investi dans des plantations d’huile de palme et, en 2004, a obtenu, conjointement avec A.P. Møller-Mærsk, la concession du terminal à conteneurs de Douala, par lequel entrent et sortent 95% des marchandises en provenance du Cameroun, du Tchad et de la République centrafricaine[158].

En 1994, elle s’est également vu confier la gestion du terminal de bois du même port, et en 2015, elle s’est vu attribuer un terminal dans le nouveau port de Kribi (Kribi Containers Terminal), en association avec la China Harbour Engineering Company (CHEC) et la société française CMA-CGM. En 2020, le Port autonome de Douala (PAD), propriété de l’État, a finalement repris le contrôle du terminal à conteneurs de Douala, le contrat de 15 ans n’a pas été prolongé par l’autorité portuaire et, après une longue bataille, le groupe Bolloré a quitté le port[159]. Mais déjà en décembre 2022, Bolloré Africa Logistics et le port autonome de Douala ont signé le contrat de concession du terminal bois du port de Douala pour 15 années supplémentaires[160], avant de le vendre au groupe MSC[161].

En 2007, afin de remporter la concession du port de Dakar, Bolloré a réalisé une émission consacrée au président sénégalais sur la chaîne de télévision Direct 8, ainsi qu’une double « une » dans ses journaux Matin Plus et Direct soir : « Abdoulaye Wade: un grand Africain »[162]. En septembre 2018, un article du journal Libération révèle que le groupe Bolloré a été pris en flagrant délit au Sénégal : le fisc a découvert des « irrégularités dans les notes » pour un montant de quelque 2,3 millions d’euros[163]. Au Burkina Faso, l’un des coffres à or de l’Afrique, une filiale du groupe a tenté d’exporter illégalement de l’or caché dans des cargaisons de charbon pour une valeur de 500 millions d’euros en 2018.

Les faits montrent que Bolloré a toujours joué un mauvais tour à l’Afrique : dès 2001, le groupe s’est retrouvé dans le collimateur des Nations unies pour « l’exploitation illégale » de ressources naturelles, notamment de colombo-tantalite (ou coltan), dont le commerce alimente celui des armes[164]. Dans un rapport d’avril 2001, l’ONU a indiqué que SDV, une société détenue à 100% par le groupe Bolloré, était « l’un des principaux maillons de ce réseau d’exploitation et de guerre ». Des milliers de tonnes de colombo-tantalite ont été chargées depuis Kigali (Rwanda) ou ont transité par le port de Dar es Salaam (Tanzanie) »[165]. Selon un rapport de 2002, SDV « viole les directives de l’Organisation de coopération et de développement économiques pour les entreprises multinationales »[166].

Au Liberia, le groupe Bolloré possède la plus grande plantation de caoutchouc par l’intermédiaire de sa filiale Liberia Agricultural Company (LAC). En mai 2006, la mission de l’ONU au Libéria a publié un rapport décrivant les conditions catastrophiques en matière de droits de l’homme dans la plantation: travail des enfants de moins de 14 ans, utilisation de produits cancérigènes, interdiction des syndicats, licenciements arbitraires, maintien de l’ordre par des milices privées, expulsion de 75 villages, paradis[167].

C’est un tableau tragique et déconcertant, notamment parce que les pays africains, qui commencent lentement à essayer de se défendre, luttent pour se libérer du joug du géant français. Notamment parce que Bolloré, lorsqu’il est en difficulté, vend les actifs problématiques et utilise le produit de la vente pour relancer des projets toujours plus ambitieux, comme celui de participer au gigantesque projet de relier la côte de Cabinda au canal de Suez[168]. Deux cents ans après sa naissance, le groupe Bolloré est probablement l’exemple le plus réussi du néocolonialisme occidental en Afrique.

 

[1] Official web-site: https://www.bollore.com/en/

[2] Official web-site: https://www.bollore.com/en/

[3] https://www.bollore.com/en/portefeuille-de-participation/

[4] http://grandterrier.bzh/wiki/index.php?title=Ren%C3%A9-Guillaume_Bollor%C3%A9_%281911-1999%29%2C_r%C3%A9sistant_et_entrepreneur

[5] Although some sources state that the factory was founded by a certain René Bolloré, a former naval doctor, who learnt papermaking during his travels in the Far East, particularly Japan: http://grandterrier.bzh/wiki/index.php?title=L%27entreprise_Bollor%C3%A9%2C_R%C3%A9alit%C3%A9s_No%C3%ABl_1949

[6] http://www.grandterrier.net/wiki/index.php?title=Nicolas_Le_Mari%C3%A9%2C_maire_%281832%29

[7] https://www.bollore.com/en/le-groupe/history/

[8] http://grandterrier.net/wiki/index.php?title=Ergu%C3%A9-Gab%C3%A9ric_:_le_berceau_des_papeteries_Bollor%C3%A9

[9] http://www.grandterrier.net/wiki/index.php?title=Nicolas_Le_Mari%C3%A9%2C_maire_%281832%29

[10] https://www.letelegramme.fr/histoire/a-ergue-les-papeteries-bollore-14-10-2018-12105647.php#WKbuisbcVxauc9RL.99

[11] http://grandterrier.bzh/wiki/index.php?title=L%27entreprise_Bollor%C3%A9%2C_R%C3%A9alit%C3%A9s_No%C3%ABl_1949

[12] http://grandterrier.bzh/wiki/index.php?title=L%27entreprise_Bollor%C3%A9%2C_R%C3%A9alit%C3%A9s_No%C3%ABl_1949

[13] http://grandterrier.bzh/wiki/index.php?title=Ren%C3%A9-Guillaume_Bollor%C3%A9_%281911-1999%29%2C_r%C3%A9sistant_et_entrepreneur

[14] Official web-site: https://www.bollore.com/en/le-groupe/history/

[15] https://www.ouest-france.fr/bretagne/quimperle-29300/le-nom-de-bollore-reste-attache-la-commune-852643

[16] http://grandterrier.bzh/wiki/index.php?title=L%27entreprise_Bollor%C3%A9%2C_R%C3%A9alit%C3%A9s_No%C3%ABl_1949

[17] http://grandterrier.bzh/wiki/index.php?title=L%27entreprise_Bollor%C3%A9%2C_R%C3%A9alit%C3%A9s_No%C3%ABl_1949

[18] https://www.ouest-france.fr/bretagne/quimperle-29300/le-nom-de-bollore-reste-attache-la-commune-852643 ; http://grandterrier.bzh/wiki/index.php?title=Michel_Bollor%C3%A9_%281922%2C1997%29%2C_entrepreneur

[19] http://grandterrier.bzh/wiki/index.php?title=L%27entreprise_Bollor%C3%A9%2C_R%C3%A9alit%C3%A9s_No%C3%ABl_1949

[20] http://grandterrier.bzh/wiki/index.php?title=Ren%C3%A9-Guillaume_Bollor%C3%A9_%281911-1999%29%2C_r%C3%A9sistant_et_entrepreneur

[21] http://grandterrier.bzh/wiki/index.php?title=L%27entreprise_Bollor%C3%A9%2C_R%C3%A9alit%C3%A9s_No%C3%ABl_1949

[22] http://grandterrier.bzh/wiki/index.php?title=L%27entreprise_Bollor%C3%A9%2C_R%C3%A9alit%C3%A9s_No%C3%ABl_1949

[23] http://grandterrier.bzh/wiki/index.php?title=L%27entreprise_Bollor%C3%A9%2C_R%C3%A9alit%C3%A9s_No%C3%ABl_1949

[24] https://www.dhnet.be/dernieres-depeches/afp/2014/06/24/financier-habile-vincent-bollore-a-bati-un-empire-tres-diversifie-HJ6DAE2BONDSPK2COO3YM7E4F4/

[25] https://www.dhnet.be/dernieres-depeches/afp/2014/06/24/financier-habile-vincent-bollore-a-bati-un-empire-tres-diversifie-HJ6DAE2BONDSPK2COO3YM7E4F4/

[26] https://www.aege.fr/agenda/desindustrialisation-francaise-une-fatalite-405

[27] https://www.dhnet.be/dernieres-depeches/afp/2014/06/24/financier-habile-vincent-bollore-a-bati-un-empire-tres-diversifie-HJ6DAE2BONDSPK2COO3YM7E4F4/

[28] https://www.dhnet.be/dernieres-depeches/afp/2014/06/24/financier-habile-vincent-bollore-a-bati-un-empire-tres-diversifie-HJ6DAE2BONDSPK2COO3YM7E4F4/

[29] https://www.ilblogdellestelle.it/2016/12/il_distruttore.html

[30] https://www.lesechos.fr/2015/04/rivaud-un-jackpot-decisif-dans-la-constitution-de-lempire-1106566

[31] https://www.lesechos.fr/1992/01/bollore-sempare-de-delmas-vieljeux-918373

[32] https://www.bollore.com/en/le-groupe/history/

[33] https://www.bollore.com/en/le-groupe/history/

[34] https://www.bollore-transport-logistics.com/lentreprise/historique

[35] https://aircargoitaly.com/bollore-ha-ceduto-la-sua-quota-in-saga-italia-a-kerry-logistics/

[36] https://www.bollore-transport-logistics.com/medias/actualites/sitarail-lance-les-travaux-de-modernisation-du-chemin-de-fer-reliant-la-cote-divoire-et-le-burkina-faso

[37] https://www.lepoint.fr/economie/les-raids-dingues-de-bollore-bouygues-la-bagarre-des-copains-de-cm1–12-02-2022-2464547_28.php#11

[38] https://www.milanofinanza.it/news/bollore-ha-venduto-il-suo-12-5-in-bouygues-al-finanziere-pinault-1000453?amp=False&archivio=True ; https://books.google.it/books?id=Oa3SCQAAQBAJ&pg=PT38&lpg=PT38&dq=bollore,+Bouygues&source=bl&ots=fc_j3_7B-T&sig=ACfU3U2CSgEZXal2ZDA0mVLW-BZaPyAFTg&hl=it&sa=X&ved=2ahUKEwim9L6h-4f8AhWyiv0HHeGACMkQ6AF6BAgaEAM#v=onepage&q=bollore%2C%20Bouygues&f=false

[39] https://ricerca.repubblica.it/repubblica/archivio/repubblica/1999/07/12/lazard-ombra-di-bollore.html ; https://ricerca.repubblica.it/repubblica/archivio/repubblica/2000/05/01/la-lazard-bollore-la-scalata-impossibile.html

[40] https://books.google.it/books?id=Oa3SCQAAQBAJ&pg=PT38&lpg=PT38&dq=bollore,+Bouygues&source=bl&ots=fc_j3_7B-T&sig=ACfU3U2CSgEZXal2ZDA0mVLW-BZaPyAFTg&hl=it&sa=X&ved=2ahUKEwim9L6h-4f8AhWyiv0HHeGACMkQ6AF6BAgaEAM#v=onepage&q=bollore%2C%20Bouygues&f=false ; https://ricerca.repubblica.it/repubblica/archivio/repubblica/1999/07/12/lazard-ombra-di-bollore.html

[41] https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/03/14/cyrille-bollore-nomme-pdg-du-groupe-bollore-succedant-a-son-pere_5436162_3234.html

[42] https://ricerca.repubblica.it/repubblica/archivio/repubblica/2000/05/01/la-lazard-bollore-la-scalata-impossibile.html

[43] https://ricerca.repubblica.it/repubblica/archivio/repubblica/1999/07/12/lazard-ombra-di-bollore.html

[44] https://www.dhnet.be/dernieres-depeches/afp/2014/06/24/financier-habile-vincent-bollore-a-bati-un-empire-tres-diversifie-HJ6DAE2BONDSPK2COO3YM7E4F4/

[45] https://web.archive.org/web/20160421071939/https://www.havas.com/group/management-committee/executive-committee ; https://www.bloomberg.com/profile/person/16255200

[46] https://www.vivendi.com/en/biography/yannick-bollore/

[47] https://variety.com/exec/cyrille-bollore/ ; https://www.vivendi.com/en/biography/cyrille-bollore/

[48] https://www.askanews.it/economia/2018/04/19/vivendi-vincent-bollor%c3%a8-lascia-la-presidenza-al-figlio-yannick-pn_20180419_00212/

[49] https://formiche.net/2018/04/bollore-vivendi-tim-capozzi/

[50] https://variety.com/exec/cyrille-bollore/ ; https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/03/14/cyrille-bollore-nomme-pdg-du-groupe-bollore-succedant-a-son-pere_5436162_3234.html

[51] https://www.lesechos.fr/industrie-services/tourisme-transport/cyrille-bollore-un-heritier-tres-discret-1387636

[52] https://www.mediobanca.com/it/corporate-governance/consiglio-di-amministrazione/marie-bollore.html ; https://it.marketscreener.com/leader-finanza/Marie-Bollore-0D0RLK-E/biografia/

[53] https://wallmine.com/lse/0o0e/officer/2055129/sebastien-bollore ; https://it.marketscreener.com/leader-finanza/Sebastien-Bollore-05YLQ0-E/biografia/

[54] https://www.italiaoggi.it/news/l-ascesa-di-marie-bollore-dopo-mediobanca-la-direzione-di-una-societa-energetica-201605241238405199

[55] https://www.lobbyfacts.eu/datacard/bollor%C3%A9-blue-solutions?rid=452735627624-04

[56] https://web.archive.org/web/20140305103536/http://www.ilfoglio.it/ritratti/1080

[57] https://www.lemonde.fr/economie/article/2012/06/05/antoine-bernheim-l-un-des-parrains-du-capitalisme-francais_1713203_3234.html#

[58] https://www.forbes.com/profile/bernard-arnault/?sh=541c0da966fa

[59] https://www.forbes.com/profile/francois-pinault/

[60] https://ricerca.repubblica.it/repubblica/archivio/repubblica/1999/07/12/lazard-ombra-di-bollore.html ; https://www.lemonde.fr/economie/article/2012/06/05/antoine-bernheim-l-un-des-parrains-du-capitalisme-francais_1713203_3234.html#

[61] https://www.ilblogdellestelle.it/2016/12/il_distruttore.html

[62] https://www.repubblica.it/economia/2022/03/11/news/bollore_dice_addio_a_mediobanca_e_guarda_alla_francia-341072817/

[63] https://www.bollore.com/en/le-groupe/history/ ; https://www.dhnet.be/dernieres-depeches/afp/2014/06/24/financier-habile-vincent-bollore-a-bati-un-empire-tres-diversifie-HJ6DAE2BONDSPK2COO3YM7E4F4/

[64] https://www.huffingtonpost.it/entry/la-resistenza-su-tim-di-vincent-bollore-il-nemico-giurato-di-macron_it_619b8963e4b0451e54fca133/

[65] https://www.mfemediaforeurope.com/it/governance/struttura-del-capitale-sociale/

[66] https://www.gruppotim.it/it/investitori/azioni/partecipazioni.html

[67] https://www.ilblogdellestelle.it/2016/12/il_distruttore.html

[68] https://www.dhnet.be/dernieres-depeches/afp/2014/06/24/financier-habile-vincent-bollore-a-bati-un-empire-tres-diversifie-HJ6DAE2BONDSPK2COO3YM7E4F4/

[69] https://www.ilblogdellestelle.it/2016/12/il_distruttore.html

[70] https://www.bollore.com/en/le-groupe/history/

[71] https://afriquexxi.info/Bollore-un-empire-francafricain

[72] https://www.bollore.com/en/le-groupe/history/

[73] https://afriquexxi.info/Bollore-un-empire-francafricain

[74] https://www.bollore.com/en/le-groupe/history/

[75] https://www.huffingtonpost.it/entry/la-resistenza-su-tim-di-vincent-bollore-il-nemico-giurato-di-macron_it_619b8963e4b0451e54fca133/

[76] https://angelomincuzzi.blog.ilsole24ore.com/2018/03/27/la-presa-di-bollore-sui-media-reportage-censurati-e-richieste-di-danni-milionarie-la-stampa-insorge/

[77] https://angelomincuzzi.blog.ilsole24ore.com/2018/03/27/la-presa-di-bollore-sui-media-reportage-censurati-e-richieste-di-danni-milionarie-la-stampa-insorge/

[78] https://angelomincuzzi.blog.ilsole24ore.com/2018/03/27/la-presa-di-bollore-sui-media-reportage-censurati-e-richieste-di-danni-milionarie-la-stampa-insorge/

[79] https://www.africarivista.it/camerun-gruppo-francese-bollore-perde-il-processo-contro-mediapart/208125/

[80] https://www.interris.it/news/esteri/land-grabbing-cosa-sta-svuotando-lafrica/ ; https://news.mongabay.com/2020/06/they-took-it-over-by-force-corruption-and-palm-oil-in-sierra-leone/ ; https://www.radiopopolare.it/socfin-la-multinazionale-della-deforestazione/

[81] https://www.bollore.com/en/portefeuille-de-participation/

[82] Décrypter le Groupe Socfin, Léa Pham Van, Profundo Research&Advice, 17.02.2020, see more: https://profundo.nl/download/profundo200210fr

[83] Florence Palpacuer e Alistair Smith, Rethinking Value Chains: Tackling the Challenges of Global Capitalism, Bristol, Policy Press, serie « Policy Press shorts ». Politica e pratica », 2021, 204 p.

[84] Florence Palpacuer e Alistair Smith, Rethinking Value Chains: Tackling the Challenges of Global Capitalism, Bristol, Policy Press, serie « Policy Press shorts ». Politica e pratica », 2021, 204 p.

[85] https://archive.wikiwix.com/cache/?url=https%3A%2F%2Fbreadforall.ch%2Fcultivating-fiscal-inequality-the-socfin-report%2F

[86] https://fr.mongabay.com/2021/11/socfin-le-geant-de-la-plantation-accuse-devasion-fiscale-en-afrique/

[87] https://news.mongabay.com/2020/06/they-took-it-over-by-force-corruption-and-palm-oil-in-sierra-leone/ ; https://www.radiopopolare.it/socfin-la-multinazionale-della-deforestazione/

[88] https://www.business-humanrights.org/en/latest-news/nigeria-okomu-oil-palm-plantation-company-accused-of-human-rights-violations/

[89] https://archive.wikiwix.com/cache/index2.php?url=https%3A%2F%2Fnews.mongabay.com%2F2021%2F10%2Fplantation-giant-socfin-accused-of-dodging-taxes-in-africa%2F#&

[90] https://www.liberation.fr/societe/police-justice/lhuile-de-palme-qui-colle-aux-doigts-de-bollore-20221219_S7G5BCUOKFEWFFOVMMUOYOPTJ4/

[91] https://www.bollore.com/en/portefeuille-de-participation/

[92] Thomas Deltombe, « Les guerres africaines de Vincent Bolloré », Le Monde diplomatique,‎ 1er avril 2009, see more: https://archive.wikiwix.com/cache/index2.php?url=https%3A%2F%2Fwww.monde-diplomatique.fr%2F2009%2F04%2FDELTOMBE%2F16970#federation=archive.wikiwix.com&tab=url

[93] https://afriquexxi.info/Bollore-un-empire-francafricain

[94] https://www.ilblogdellestelle.it/2016/12/il_distruttore.html

[95] https://www.nouvelobs.com/medias/20071225.OBS1894/sarkozy-est-arrive-a-louxor-avec-carla-bruni.html

[96] https://www.ilgiornale.it/news/sarkozy-vacanza-sullo-yacht-non-mi-nascondo-n-mi-scuso.html

[97] https://formiche.net/2018/04/bollore-vivendi-tim-capozzi/

[98] https://www.dhnet.be/dernieres-depeches/afp/2014/06/24/financier-habile-vincent-bollore-a-bati-un-empire-tres-diversifie-HJ6DAE2BONDSPK2COO3YM7E4F4/

[99] https://formiche.net/2018/04/bollore-vivendi-tim-capozzi/

[100] https://www.cnews.fr/france/2012-11-30/autolib-fete-un-de-succes-259811

[101] https://www.cnews.fr/france/2012-11-30/autolib-fete-un-de-succes-259811

[102] https://www.lemonde.fr/economie/article/2013/09/19/batterie-electrique-le-pari-de-bollore-n-etait-pas-si-fou_3480383_3234.html

[103] https://www.dhnet.be/dernieres-depeches/afp/2014/06/24/financier-habile-vincent-bollore-a-bati-un-empire-tres-diversifie-HJ6DAE2BONDSPK2COO3YM7E4F4/

[104] https://www.lastampa.it/motori/ambiente/2018/06/22/news/autolib-a-parigi-stop-al-car-sharing-elettrico-bollore-chiedeva-233-milioni-per-coprire-le-perdite-1.34351725/ ; https://www.quotidianomotori.com/automobili/auto-elettriche-car-sharing/

[105] https://www.bfmtv.com/economie/entreprises/transports/autolib-pourquoi-bollore-a-echoue-a-paris-alors-qu-il-reussit-a-lyon-sans-subvention_AV-201806210175.html

[106] https://www.letelegramme.fr/economie/bollore-les-bluecar-demarrent-a-singapour-13-12-2017-11777542.php

[107] B’Centenaire. Les 200 ans du Groupe Bolloré; 1822-2022, Bolloré: https://www.bollore-transport-logistics.com/fileadmin/user_upload/200ans_francais.pdf p. 7 ; https://www.bollore-logistics.com/en/news/bollore-logistics-inaugurates-the-blue-hub-in-singapore/

[108] https://www.letelegramme.fr/economie/bollore-un-bluebus-nomme-desir-13-10-2017-11699765.php ;

[109] Official web-site: https://www.blue-solutions.com/en/battery-technology/ ; https://www.lemonde.fr/economie/article/2013/09/19/batterie-electrique-le-pari-de-bollore-n-etait-pas-si-fou_3480383_3234.html ; https://www.lemonde.fr/economie/article/2013/09/19/batterie-electrique-le-pari-de-bollore-n-etait-pas-si-fou_3480383_3234.html

[110] https://afriquexxi.info/Bollore-un-empire-francafricain

[111] https://afriquexxi.info/Bollore-un-empire-francafricain

[112] https://afriquexxi.info/Bollore-un-empire-francafricain

[113] B’Centenaire. Les 200 ans du Groupe Bolloré; 1822-2022, Bolloré: https://www.bollore-transport-logistics.com/fileadmin/user_upload/200ans_francais.pdf p. 13

[114] https://www.lesechos.fr/2008/09/bollore-federe-son-offre-africaine-sous-la-marque-bollore-africa-logistics-514393

[115] https://www.bollore-transport-logistics.com/lentreprise/historique

[116] https://www.usinenouvelle.com/article/le-groupe-bollore-reorganise-sa-branche-transport-et-logistique-poids-lourd-de-son-chiffre-d-affaires.N386039

[117] https://www.bloomberg.com/news/articles/2013-03-12/bollore-plans-to-expand-container-port-operations-across-africa ; https://www.ft.com/content/00712422-840d-11dd-bf00-000077b07658#axzz2OqG6wmq8

[118] https://www.lesechos.fr/2008/09/bollore-federe-son-offre-africaine-sous-la-marque-bollore-africa-logistics-514393

[119] https://www.usinenouvelle.com/article/le-groupe-bollore-reorganise-sa-branche-transport-et-logistique-poids-lourd-de-son-chiffre-d-affaires.N386039

[120] https://www.bollore-transport-logistics.com/medias/actualites/sitarail-lance-les-travaux-de-modernisation-du-chemin-de-fer-reliant-la-cote-divoire-et-le-burkina-faso

[121] https://www.bollore-transport-logistics.com/medias/actualites/sitarail-lance-les-travaux-de-modernisation-du-chemin-de-fer-reliant-la-cote-divoire-et-le-burkina-faso

[122] https://www.bollore-transport-logistics.com/medias/communiques-de-presse/sitarail-receptionne-sa-nouvelle-bourreuse-pour-la-maintenance-de-la-voie-ferree-entre-la-cote-divoire-et-le-burkina-faso

[123] https://www.jeuneafrique.com/mag/440449/economie/guinee-a-conakry-necotrans-enterre-hache-de-guerre-bollore/

[124] https://www.usinenouvelle.com/article/le-groupe-bollore-reorganise-sa-branche-transport-et-logistique-poids-lourd-de-son-chiffre-d-affaires.N386039

[125] https://www.ft.com/content/8821cf6a-017e-11e6-ac98-3c15a1aa2e62

[126] https://www.reuters.com/markets/deals/bollore-gets-57-bln-euro-offer-its-african-assets-2021-12-20/ ; https://www.ft.com/content/8821cf6a-017e-11e6-ac98-3c15a1aa2e62

[127] https://www.prnewswire.com/news-releases/msc-group-completes-acquisition-of-bollore-africa-logistics-301708494.html

[128] https://www.reuters.com/markets/deals/bollore-gets-57-bln-euro-offer-its-african-assets-2021-12-20/

[129] https://www.ladepeche.fr/article/2018/04/24/2786294-ports-africains-vincent-bollore-garde-vue-soupcons-corruption.html

[130] https://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/09/16/vincent-bollore-et-le-port-maudit-de-conakry_4998780_3212.html ; https://www.ft.com/content/8821cf6a-017e-11e6-ac98-3c15a1aa2e62

[131] https://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/09/16/vincent-bollore-et-le-port-maudit-de-conakry_4998780_3212.html ; https://www.repubblica.it/economia/2018/04/25/news/vincent_bollore_prolungato_lo_stato_di_fermo-194767419/

[132] https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/04/24/ports-africains-vincent-bollore-en-garde-a-vue_5289749_3224.html

[133] https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/04/24/ports-africains-vincent-bollore-en-garde-a-vue_5289749_3224.html

[134] https://www.africarivista.it/111013-guinea-contesa-francese-su-porto-di-conakry-condannato-bollore/6870/

[135] https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/04/24/ports-africains-vincent-bollore-en-garde-a-vue_5289749_3224.html

[136] https://www.jeuneafrique.com/mag/440449/economie/guinee-a-conakry-necotrans-enterre-hache-de-guerre-bollore/

[137] https://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/09/16/vincent-bollore-et-le-port-maudit-de-conakry_4998780_3212.html

[138] https://www.africarivista.it/111013-guinea-contesa-francese-su-porto-di-conakry-condannato-bollore/6870/

[139] https://www.jeuneafrique.com/mag/440449/economie/guinee-a-conakry-necotrans-enterre-hache-de-guerre-bollore/

[140] https://www.jeuneafrique.com/mag/440449/economie/guinee-a-conakry-necotrans-enterre-hache-de-guerre-bollore/

[141] https://www.focusonafrica.info/inchiesta-togo-una-sola-famiglia-e-al-potere-dal-1967/

[142] https://www.africarivista.it/togo-bollore-lascia-il-porto-ma-resta-lo-scandalo-corruzione/200159/

[143] https://www.asso-sherpa.org/corruption-togo-bollore-next-step-judicial-proceedings

[144] https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/04/24/ports-africains-vincent-bollore-en-garde-a-vue_5289749_3224.html

[145] https://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/09/16/vincent-bollore-et-le-port-maudit-de-conakry_4998780_3212.html

[146] https://www.africarivista.it/togo-bollore-lascia-il-porto-ma-resta-lo-scandalo-corruzione/200159/

[147] https://www.repubblica.it/economia/finanza/2021/02/26/news/corruzione_dei_regimi_africani_bollore_patteggia_con_la_giustizia_francese-289380635/

[148] https://www.africarivista.it/togo-bollore-lascia-il-porto-ma-resta-lo-scandalo-corruzione/200159/

[149] https://www.asso-sherpa.org/corruption-in-togo-sherpa-and-anticor-join-as-civil-claimants-the-judicial-investigation-targeting-bollore

[150] https://www.asso-sherpa.org/corruption-togo-bollore-next-step-judicial-proceedings

[151] https://www.jeuneafrique.com/1307374/economie/cote-divoire-ce-que-bollore-et-sarkozy-ont-dit-a-ouattara/

[152] https://www.startmag.it/mondo/vincent-bollore-le-monde-diplomatique/

[153] https://www.africaintelligence.com/west-africa/2021/06/29/four-bollore-africa-logistics-execs-held-after-cocaine-find,109676460-art ; https://www.laverita.info/guai-bollore-africa-traffico-cocaina-2654504875.html ; https://www.afrique-sur7.ci/479539-benin-cadres-bollore-drogue

[154] https://www.theafricareport.com/17800/cameroon-bollore-sought-biyas-influence-over-doula-port-concession/

[155] Thomas Deltombe, « Les guerres africaines de Vincent Bolloré », Le Monde diplomatique,‎ 1er avril 2009; see more: https://archive.wikiwix.com/cache/index2.php?url=https%3A%2F%2Fwww.monde-diplomatique.fr%2F2009%2F04%2FDELTOMBE%2F16970#federation=archive.wikiwix.com&tab=url

[156] https://www.liberation.fr/societe/2008/10/17/soupcons-sur-bollore-dans-son-pre-carre-camerounais_153635/

[157] https://www.prc.cm/fr/actualites/audiences/1716-le-chef-de-l-etat-recoit-vincent-bollore

[158] https://www.monde-diplomatique.fr/2021/01/PIGEAUD/62633

[159] https://www.monde-diplomatique.fr/2021/01/PIGEAUD/62633

[160] https://www.bolloreafricalogistics.com/medias/communiques-de-presse/bollore-africa-logistics-signe-le-contrat-de-concession-du-terminal-bois-port-de-douala

[161] https://www.bolloreafricalogistics.com/medias/communiques-de-presse/msc-group-a-finalise-lacquisition-de-bollore-africa-logistics

[162] Thomas Deltombe, « Les guerres africaines de Vincent Bolloré », Le Monde diplomatique,‎ 1er avril 2009; see more: https://archive.wikiwix.com/cache/index2.php?url=https%3A%2F%2Fwww.monde-diplomatique.fr%2F2009%2F04%2FDELTOMBE%2F16970#federation=archive.wikiwix.com&tab=url

[163] https://afrique.le360.ma/senegal/economie/2018/09/22/23053-senegal-vincent-bollore-epingle-pour-un-flagrant-delit-de-fraude-fiscale-23053/

[164] Thomas Deltombe, «Les guerres africaines de Vincent Bolloré», Le Monde diplomatique,‎ 1er avril 2009, see more: https://archive.wikiwix.com/cache/index2.php?url=https%3A%2F%2Fwww.monde-diplomatique.fr%2F2009%2F04%2FDELTOMBE%2F16970#federation=archive.wikiwix.com&tab=url

[165] Thomas Deltombe, «Les guerres africaines de Vincent Bolloré», Le Monde diplomatique,‎ 1er avril 2009, see more: https://archive.wikiwix.com/cache/index2.php?url=https%3A%2F%2Fwww.monde-diplomatique.fr%2F2009%2F04%2FDELTOMBE%2F16970#federation=archive.wikiwix.com&tab=url

[166] Thomas Deltombe, «Les guerres africaines de Vincent Bolloré», Le Monde diplomatique,‎ 1er avril 2009, see more: https://archive.wikiwix.com/cache/index2.php?url=https%3A%2F%2Fwww.monde-diplomatique.fr%2F2009%2F04%2FDELTOMBE%2F16970#federation=archive.wikiwix.com&tab=url

[167] https://basta.media/Bollore-Credit-agricole-Louis#nh114-7

[168] L’ANGOLA, IL CONGO, LA CINA E LE CITTÀ FANTASMA | IBI World Italia

Laisser un commentaire